Les Ahl Skoura, comme les Ahl Todgha, comme les Ahl Dadès, sont une tribu d’origine plus cadastrale qu’ethnique, répandus dans les nombreux ksour de la palmeraie et dans les oasis de cette partie du dadès. Ils forment une branche de la grande famille berbère des Masmouda, arabisée depuis peu, teintée de sang arabe et passablement négrifiée. On y trouve, en outre, des gens du Tafilalet, du Sous, du Sagho, tous des voisins attirés par le richesse de la palmeraie.
La tribu, classée tribu de droit musulman en 1936, a été divisée en quatre fractions. Elle est administrée par un khalifa du Glaoui et plusieurs cheikhs. Linguistiquement, ils sont à la charnière du groupe béraber, domaine de la tamazirt, et du groupe chleuh, domaine de la tachelhaït. Entre ces deux groupes s’étend une zone de transition. Naguère, chaque fraction skoura était la cliente d’une fraction imerghan.
Les ksour de cette tribu sont groupés au fond ou au débouché des vallées méridionales du Haut-Atlas. Sous les Almohades, ils faisaient partie de la confédération des Haskoura, dont la capitale était Demnate. Endurants, sobres, batailleurs, les Imerghan faisaient volontiers partie de bandes de coupeurs de routes et de voleurs de bétail. Ils ont été soumis par les Glaoua au début du XXe siècle et placés, à partir de 1932, sous contrôle des A.I.
L’été, les familles laissent quelques gardiens au village et s’installent dans les azibs de la montagne sur leurs terrains de parcours collectifs. En automne, les troupeaux pâturent aux environs des ksour, tandis que la fraction procède à ses labours. L’hiver les bergers se rapprochent de l’oued Dadès; quelques-uns gagnent les pentes Nord du Sagho.
La Kelaa des Mgouna
Le pont sur l'oued Mgoun
Dans le lointain à droite, une tour des goums chargée de surveiller la piste.
Le pont aujourd'hui
Le Dadès, nom de l'oued desservant en partie le sud-centre du Maroc, y puise ses raisons d'être, sinon on se fie à une riche tradition orale, du moins à l'une de ses multiples versions, dans un processus dont le protagoniste fut le nommé Moulay Bou Amrane, un descendant du fondateur de la ville de Fès.
A cette époque on connaissait la sécheresse, et un jour les chiens des compagnons de Moulay Bou Amrane reviennent les pattes mouillées, ce qui ne tarde pas d'attirer leur attention. Ils décident alors de suivre les traces de ces chiens et tombent sur un oued débordant d'eau et s’exclame "l’oued al kalb" (la rivière du chien); une exclamation à laquelle le chérif répond en disant que cette vallée sera, avec l'aide de dieu, "l’oued Badis"; au fil du temps et des âges il devint "l’oued Dadès".
Le seul auteur qui a fait mention de l'appellation est le compagnon d'Ibn Toumert, Al Baidaq qui classa les habitants du Dadès, les Ahl Dadès, parmi les Sanhadja al Qibla.
La commune de Souk al Khemis du Dadès regroupe les tribus les plus anciennes à s'installer dans cette partie du Dadès moyen. La largeur de la vallée, c'est-à-dire des terres cultivables, l'ancienneté de certains de ses vestiges architecturaux ainsi que l'existence d’un mellah et la sédentarisation de certaines de ces familles font de cette commune l'une des plus anciennes colonies à s'installer dans cette partie du Dadès.
Douar Ighriben. Il s'agit en fait de vestiges dont la morphologie et la destination posent une énigme. Situés sur des promontoire et disposés de façon bizarre, ces vestiges, ont un étymologie qui rappelle une destination défensive
Le mellah de Tiilit. La légende prédominante affirme que ce mellah est l'un des plus anciens de tout le Sud du maroc. En effet, le caractère architectural de ses constructions témoigne de son ancienneté. La même légende, pour tenter d'expliquer sa toponymie, le rattache à Moulay Bou Amrane, le protagoniste incontournable de la tradition orale locale qui réplique à la question qui consiste à dire qu'une bâtisse existe dans cette forêt, à ses hommes qu'adviendra t-il si elle existe : “tilyit”.
L'un des plus grand mellah fut aussi celui des Aït Ouzzine de la confédération des Aït Atta. La légende orale colporte encore d'autre versions relatives à certains mellahs détruits ou abandonnés dans des conditions historiques mal connues. La toponymie est assez révélatrice de cet état de choses.
Zaouit Lbir. C'est un village qui jouxte le mellah de Tiilit et qui dispose d'une zaouïa qui serait le point de départ de tout l'essaimage qui a abouti à la fondation de la Zaouia d'Aghlan et de Tamgrout dans le Drâa. Elle tire son nom d'un nom collectif assez typique connu de toute la région. On y accède par des escaliers creusés de sorte que les habitants y cherchent leur eau quotidienne. Les puits sont aussi un indice de sédentarisation anciennes.
El Goumt. Les trois kasbahs d’El Goumt ont été construites vers 1919. Elles englobent tout l'acception liée à l'ilotisme exagéré des populations par des khalifats peu scrupuleux qui ne sont, en réalité, que la consécration de tout un système qui se fonde sur le principe selon lequel "les sacs vides ne se mettent jamais debout".
L'histoire contemporaine de cette région est intimement liée à celle d'une période où le Glaoui et le Protectorat français se conjuguaient de façon admirable. La population en garde encore aujourd'hui les séquelles indélébiles. Toute la politique coloniale liée à ce concept baptisé par euphémisme "pacification” trouve ici son champ de prédilection pour s'affermir. Le principe n'est autre que l'utilisation des partisans soumis contre les insoumis. Le glaoui en fut le protagoniste le plus caractéristique. Il fut chargé en juillet 1920 de l'organisation d'une harka dans le Todgha. Il infligea une défaite aux contingents de Ba Ali à Timatriouine entre le 31 juillet et le 1er Août de la même année.
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Boumalne du Dadès, avril 1952. Bordj du 35ème Goum
Boumalne du Dadès
Kasbah du Haut Dadès
Kasbah du Haut dadès
La piste du Haut Dadès au pied de la chaîne de l'Atlas
Piste de l'oued Dadès
Source : livre de Jean-Louis Miège : Maroc, Arthaud 1952
Piste des gorges du Dadès avant son goudronnage
photo René Bertrand
Vingt-six kilomètres après Boumalne, les bords de la vallée se resserrent et s’élèvent
en hautes falaises où la piste monte brusquement en lacets.
Photo Bertrand, Casablanca
Tinerhir et sa région
Tinerhir, photo Belin
En début du siècle, les frères Glaoui avaient obtenu la soumission de tous leurs voisins rebelles, sauf pour Tamdakht, la dernière forteresse de la dissidence, à une trentaine de kilomètres de Telouet. L’oued Mellah serpente le long de l’aride vallée de sel pendant 15 km, avant de tourner brusquement vers la droite en arrivant à un groupe fantastique de hautes kasbahs aux murs de pisé, appelé Animiter; de là, il descend en pente plus abrupte vers les plaines où son cours servait d’itinéraire principal aux caravanes qui se rendaient des oasis du Sud à Marrakech.
A l’entrée de la gorge de la rivière se dresse la gigantesque forteresse de Tamdakht, aussi imposante que Telouet dans la grandeur isolée de son site, et infiniment plus belle dans sa structure. Les tribus dissidentes de la région s’y étaient réunies sous le commandement d’un certain Ali n’Aït Haddou, en si grand nombre qu’elles provoquaient en permanence le Glaoui et fermaient la route aux caravanes, pillant et tuant tous ceux qui ne voulaient pas faire demi-tour.
Les “droits” prélevés sur les caravanes formant une partie importante des revenus de Madani El Glaoui, il chargea son jeune frère Thami de réduire la forteresse. Muni du canon Krupp offert par le sultan, Thami quitta Telouet à la tête d’une harka de deux mille hommes. A plusieurs reprises, l’affût de bois du canon se rompit sur les cailloux du chemin ou les galets de l’oued Mellah, mais la seule pièce d’artillerie “privée” du Maroc de l’époque put enfin être mise en batterie face à la kasbah, hors de portée des fusils à pierre des défenseurs. De nombreuses salves réussirent à pratiquer trois brèches dans les murs de pisé, mais les tirs des assiégés retranchés dans la kasbah et dans les grottes naturelles de la falaise empêchèrent la harka d’investir la place.
Tamdakht aurait pu soutenir le siège, n’eût été la présence d’un traître parmi les rebelles. La petite histoire raconte qu’au cours d’une accalmie de l’attaque, Ali n’Aït Haddou, pour défier et narguer son ennemi, fit ouvrir la grande porte de la kasbah et sortit. C’était une belle bravade, certes, mais aussi une grave imprudence car lorsque qu’il se retourna pour rentrer il trouva la porte fermée. Seul, sans protection, il essaya de fuir, mais les soldats de Thami el Glaoui se ruèrent sur lui et, sur le champ, lui coupèrent la tête qu’un cavalier exhiba piquée au fer d’une lance. A cette vue la garnison de Tamdakht se rendit, mais plusieurs de ses membres subirent le sort de leur chef. Pendant les quelques années qui suivirent, toute dissidence disparut dans le Sud et le sort de la kasbah fut lié à celui d’Aït Ben Haddou.
Au début du XXe siècle, de plan rectangulaire autour d’un grand patio central, cette kasbah avait cinq niveaux qui la présentaient extérieurement comme une très haute bâtisse; elle s’harmonisait ainsi avec le milieu où elle se trouve. Elle avait neuf tours construites en briques et en pisé. A côté, un édifice fut construit postérieurement en pisé, en plus des annexes en pierres notamment sur la face nord. Face sud fut aménagé une cour de grande dimension avec une partie destinée aux hôtes. Une galerie-balcon avec des arcades donnait sur la cour.
Après l’indépendance, la kasbah de Tamdakht, abandonnée aux intempéries, servit de prison quelques mois à la famille Oufkir après la tentative de coup d’état de 1972 du général Oufkir, commandant en chef de l’armée et ministre de la défense d’Hassan II. A cette occasion, la kasbah fut modifiée de manière à interdire les contacts avec l’extérieur. Beaucoup d’accès et de fenêtres sont encore murés aujourd’hui et une grande partie de l’édifice est en ruine. L’état de conservation de la kasbah centrale est pratiquement en ruine, il ne reste que cinq tours en très mauvais état; l’intérieur, avec la grande partie de murs extérieurs, est effondré.
Silence on tourne !
C’est l'adaptation d'une nouvelle de Rudyard Kipling qui porte le même titre, publiée en 1888.
Synopsis. Aux Indes, Daniel Dravot et Peachy Carnehan, deux amis britanniques, anciens militaires, francs-maçons et surtout aventuriers déterminés et peu scrupuleux, caressent un rêve fou : entrer au Kafiristan (un pays légendaire où aucun Européen n'a mis le pied depuis Alexandre le Grand) et en devenir les rois. Avec l'aide d'un journaliste anglais (qui dans le film, mais non dans la nouvelle, est Rudyard Kipling), ils parviennent à entreprendre le périlleux voyage qui est le début de leur aventure...
En 1974, le tournage des scènes prévues au Maroc, s'est déroulé dans la vallée d’Ounila, à Tamdakht et aux Aït Ben Haddou. D’autres séquences ont été tournées à Chamonix, à Glen Canyon aux Etats Unis et en studio en Angleterre. L'Homme qui voulut être roi était un projet désiré et fantasmé depuis 25 ans par le réalisateur John Huston.
Pour la petite histoire :
- Dans la scène de l'avalanche on aperçoit des traces de ski.
- Les chameaux qu'on voit dans le film sont africains (ce sont des dromadaires) et non asiatiques.
- Les prêtres et les habitants de Sikandergul parlent l'arabe dialectal marocain, John Huston ayant recruté ces acteurs parmi les habitants de la vallée d’Ounila et de Tamdakht, les dialogues dits par le grand prêtre sont fidèles aux traductions du texte du scénario, sauf lors des plans où il dévoile la pierre où est gravé le signe des francs-maçons. En substance, le prêtre disait: "Ceci est ma terre et mon pays. Vous ne l'aurez jamais. Vous n'êtes pas les bienvenus", c’est l'exact contraire de la traduction du texte du scénario !.
- Sean Connery réalisa lui-même la cascade périlleuse à la fin du film.
- Sean Connery rencontra sa future femme Micheline Roquebrune, une française, à Marrakech durant le tournage du film.
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