L'article de Murielle Girard (cf. documents d'époque, Service des arts indigènes) à propos de Prospère RicardL'article de Murielle Girard (cf. documents d'époque, Service des arts indigènes) à propos de Prospère Ricard définit parfaitement la politique de sauvegarde de l'artisanat marocain des années 20. C'est dans ce contexte rigoureux que s'inscrit, quelques années plus tard, la création du musée-coopérative de Ouarzazate, annexe du musée de Dar si Saïd à Marrakech.
Le musée de Ouarzazate a été implanté dans le contexte géographique du cercle des Affaires Indigènes, au carrefour des routes de Zagora et de Tinghirt. Cette implantation souligne la volonté d'ancrer ce service dans le cadre le plus proche de la politique marocaine de la France.
Le musée de Ouarzazate dans la cour des AI
Le bâtiment lui-même est de dimensions relativement modestes mais l'importance qu'on veut lui donner est soulignée par de grandes marches et un porche assez monumental.
La fonction de ce musée est triple. Pour répondre au tourisme naissant et dans le cadre de la préservation de l'artisanat marocain authentique contre le risque production de pacotille.
- Le musée expose les pièces de référence artisanales traditionnelles du sud de l'Atlas.Les poteries de Ouarzazate et de Tamgrout, les bijoux berbères du sud marocain, le travail du cuir, les objets de Taliouine en albâtre mais surtout les tapis Ouzguita.
- Il montre aux visiteurs le travail des artisans directement sous leurs yeux, dans les conditions matérielles exactes de leur travail dans les villages. Cela suppose que des artisans, surtout tisserandes, viennent périodiquement travailler au musée. De même, jusqu'au début des années 50, de jeunes apprentis des métiers du cuir étaient formés au musée dans ce contexte
Démonstration de tissage en plein air devant le musée, dans la cour des Affaires Indigènes.
le musée est également une coopérative de tissage regroupant des tisserandes, essentiellement du village de Tiouine. Les visiteurs pouvaient commander les tapis de leur choix qui leur seraient ensuite envoyés après les longs mois du tissage. Cela supposait un catalogue des productions de la région en plus des modèles exposés. Des maquettes étaient réalisées à cet effet par un collaborateur du responsable du musée. On pouvait ainsi choisir parmi les différentes formes de tapis (haute laine, hanbels au tissage ras) avec la certitude que les canons ancestraux de fabrication seraient scrupuleusement respectés (qualité de la laine, colorants naturels : jaune : Genet épineux, rouge : racine de garance, bleu indigo, fixation des colorants à l'alun, qualité du tissage mesuré par le nombre de nœuds au décimètre.) Les acheteurs devaient ensuite s'armer de patience, les délais étant très longs, de l'ordre de l'année minimum, le respect du meilleur de l'artisanat berbères et la beauté de l'objet était à ce prix.)
La volonté soulignée de cette de politique de sauvegarde s'exprime par la visite systématique des hautes autorités du protectorat lors de leur passage à Ouarzazate.
Visite du Marechal Juin alors Résident Général au musée de Ouarzazate (1947 ?). Madame Gangloff, Directrice, présente le musée-coopérative.
L'importance de l'artisanat est également mise en avant lors des foires de Marrakech où un stand de grande dimension était attribué à la région d'Ouarzazate, visité par les hautes autorités lors de l'inauguration de la foire.
Si Thami el Glaoui, le General d'Hauteville (?). Explications de Madame Gangloff.
Sa Majesté Hassan II alors prince héritier
On reconnaît de belles pièces de poteries de Tamgrout vernissées vert ou brun,
les poteries de Ouarzazate, blanches avec leur décoration géométrique noire,
ou simplement brutes et différents beaux exemples de tapis Ouzguiti à fond noir ou blanc.
Le rôle de la responsable du Musée-coopérative s'exprimait également par des contacts fréquents avec que les artisans sur le site même de leur activité.
Pour les tisserandes, à fin de contrôler au plus près la qualité de fabrication dans le respect strict de la tradition, les éléments matériels (laine et colorant) étaient directement fournis par la direction de la coopérative. La responsable vérifiant sur place la qualité et l'avancement des commandes.
Djmaa reunissant les tisserants pour la remise de la laine et des ingrédients.
En face de la casbah de Taourirt, surplombant le carrefour des routes actuelles de l'aéroport et de Tinghrirt, existe un ensemble de grottes, aujourd'hui masquées par un centre artisanal, domaine d'une communauté de potier.
Tour semi enterré
Préparation et chargement du four
La cuisson.
On distingue en arrière plan les créneaux de la casbah de Taourirt
Madame Gangloff a dirigé le Musée-coopérative de Ouarzazate de 1945 à 1957. Ancienne élève des beaux arts de Strasbourg, artiste peintre, elle a rejoint l'artisanat marocain en 1940 au musée de Dar si Saïd, à Marrakech. De 1957 à 1959, elle était conservatrice du musée de Dar si Saïd, avant de rejoindre le musée des Arts et Traditions Populaires de Paris. |
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