Remontant la vallée de l’oued El Abid, il atteignit par ce couloir l’Ari Aïach (jebel Ayachi), qu’il avait déjà visité en 1901. Passant alors sur le versant Sud par Tounfite, il parvint par le Gheris et le Ferkla à la zaouia el Haouari, d’où il datait, le 4 février, une longue lettre dans laquelle il donnait les détails de son parcours. Il eut aussi la prudence de renvoyer de cet endroit à Marrakech son compagnon Boulifa avec les résultats de cette première partie du voyage : clichés, carnets d’itinéraires, journal de route, échantillons géologiques avec nombreux fossiles. Ensuite par Tagmout il comptait rejoindre le Tazeroualt, mais il fut capturé le 2 mars 1905 entre Tagmout et Illigh sur la face Sud de l’Anti-Atlas, puis il fut retenu prisonnier à Anzour, chez les Zenaga. Libéré en avril, il regagna Marrakech par le pays Glaoua.
Louis Gentil, dans son dernier voyage d’exploration au Maroc, parcourut le Haut Atlas, à l’Est du méridien de Marrakech. Faisant officiellement parti de la mission de De Segonzac, il partit de Mogador pour se dirigea vers Marrakech par Chichaoua puis il se rendit à Demnate, avec Flotte de Roquevaire, par le Mesfioua, au Nord de la route ordinaire.
De Demnate, il recoupa, l’Atlas jusqu’à la plaine de Skoura, remonta vers le Tizi n’Telouet d’où il visita le Sud de la chaîne en descendant l’oued Maghira jusqu’à Tikirt. De là, il se dirigea vers l’Ouest et parcourut le massif du Jebel Siroua. Il rentra à Marrakech par le col élevé du Tizi n’Takhrat. C’est lui qui s’approcha le plus de Ouarzazate puisqu’il passa par Tikirt pour se diriger ensuite vers le Siroua par Tazenakht.
Comme dans ses précédentes explorations, le marquis de Segonzac, en compagnie de ses équipiers, a pénétré en 1904 et 1905 dans des régions complètement inconnues du Maroc sur des itinéraires différents de ceux du vicomte Charles de Foucauld.
Son récit de voyage est paru sous le titre :
Au coeur de l’Atlas. Mission au Maroc (1904-1905). Préfaces de Eugène Etienne et du général Lyautey. Note de Géologie et de Géographie physique par Louis Gentil. Paru à Paris chez Emile Larose en 1910.
Dans un étui séparé, paru sous le titre : Itinéraires au Maroc (1904-1905), on trouve 5 cartes en couleurs au 1 : 250 000 et 1 carte d’assemblage au 1 : 2 000 000.
La première partie de l’ouvrage (p. 1-242) est proprement le récit du voyage, de la captivité et de la délivrance de l’explorateur, récit extrêmement vivant, avec des données absolument nouvelles sur les régions parcourues. Viennent ensuite (p. 343-276) des renseignements sur la situation économique, politique, religieuse et sociale du Sud marocain, puis (p. 277-395) des extraits de la traduction des textes sur les moeurs et coutumes berbères, en dialecte de l’Atlas marocain, recueillis par Si Saïd Boulifa, déjà parus dans P
ublications de l'École des lettres d’Alger, t.36, enfin (p.397-624) des renseignements géographiques et statistiques sur les tribus et (p.625-635) quelques documents épistolaires. La troisième partie (p.637-693) est relative aux observations astronomiques, aux positions géographiques déterminées par R. de Flotte de Roquevaire (avec des notes de E. Hasse et Ch. de Villedeuil); et aux Recherches de Géologie et de Géographie physique par Louis Gentil (p.695-773), avec une reproduction de l’Esquisse géologique du Haut Atlas occidental au 1 : 1 000 000.
Sous étui, ont été publiées les cartes d’itinéraires au 1 : 250 000, comme celles qui, à la même échelle, ont été dressée à la suite des voyages de 1899-1901, fournissent un grand nombre d’indications du baromètre enregistreur, accompagne chacune des cartes et donne en chaque point les mentions du carnet de route.
Sur la carte d’ensemble au 1 : 2 000 000, qui sert en même de tableau d’assemblage, figurent tous les itinéraires du voyageur de 1899 à 1905, ainsi que ceux des collaborateurs de la mission de 1904-1905.
En somme, nul n’a plus fait que le marquis de Segonzac pour la connaissance des régions inexplorées du Maghreb, après le vicomte Charles de Foucauld. Ce dernier, devenu le Père de Foucauld, dans une fort belle lettre reproduite page 624, rend un hommage mérité à son continuateur.