Tourné au début des années soixante, ce film est l'adaptation au cinéma du roman de Claude Veillot “
Nous n'irons pas en Nigéria”.
Scène dans l'épicerie de Dimitri à Ouarzazate
Dans un endroit indéterminé du sud du Sahara, à la fin des années cinquante, Castagliano (Gert Fröebe), patron aux méthodes douteuses, dirige d'une main de fer une entreprise de transport routier dont les employés sont exploités. Il engage Steiner (Reginald Kernan), un routier américain, pour conduire sur 2000 km vers le sud, un Berliet rouge flambant neuf, porteur d'un chargement indéterminé d'une valeur de 100 000 dollars.
Ce chargement excite la convoitise de Rocco (Jean-Paul Belmondo), excellent camionneur, un peu aventurier qui réussit à duper Steiner et à partir à sa place à l'aube au volant du Berliet. Furieux, Castagliano chasse Steiner avec pertes et fracas et lance Hervé Marec (Lino Ventura) à la poursuite de Rocco, en échange d'une prime substantielle. Sur le chemin de la poursuite, Steiner parvient à se faire prendre à bord par Marec. Commence alors une course-poursuite homérique entre le tandem Marec/Steiner et le tandem Rocco/Peppa (Andréa Parisy).
Régulièrement le poids-lourd de Marec et Steiner finit dans le décor : Mitch-Mitch (Bernard Blier) toujours plus goguenard, qui à chaque fois croise opportunément leur chemin au volant de son camion les tire d'affaire.
Au cours de la poursuite, Marec découvre le passé de Steiner....
Arrivée à la kasbah de Tifoultout
Fiche technique
* Réalisation : Henri Verneuil
* Directeurs de production : Robert Sussfeld et Irénée Leriche
* Producteur délégué : Alain Poiré
* Administrateur de production : Guy Azzi
* Scénario : Marcel Jullian et Henri Verneuil, d'après le roman de Claude Veillot Nous n'irons pas en Nigéria (éditions Denoël)
* Adaptation : Michel Audiard, Henri Verneuil et Marcel Jullian
* Assistants réalisateur : Claude Pinoteau, François Rochas et Larbi Ben Chekroum (premier assistant marocain)
* Dialogues : Michel Audiard
* Directeur de la photographie : Marcel Grignon
* Opérateur : Charles-Henri Montel, assisté de Maurice Delille
* Chef éléctricien : Marcel Policard
* Musique : Georges Delerue (éditions : Hortensia)
* Décors : Robert Clavel, assisté de Marc Desages
* Ensemblier : Pierre Charron
* Son : René Longuet, assisté de Pierre Davoust
* Montage : Claude Durand, assisté de Michèle Boe.
Actrices, acteursJean-Paul Belmondo : Rocco, qui conduit un Berliet TLM 10 M 2
Lino Ventura : Hervé Marec dit « le Plouc », au volant d'un Berliet GBC 8 6 x 6 Gazelle
Bernard Blier : Mitch-Mitch, chauffeur d'un Berliet TBO 15 6 x 4 HC Turbo
Andréa Parisy : Pepa, la jeune femme qui suit Rocco
Gert Fröbe : Castigliano dit « la Betterave », le directeur
Reginald Kernan : John Steiner alias Peter Frocht, l'ancien mercenaire
Doudou Babet : Khenouche, le serveur chez Halibi
Pierre Mirat : Halibi, le sourdingue
Anne-Marie Coffinet : Angèle Bameste, la jeune femme volage
Henri Lambert : Le client chez Orlando
Pierre Collet : Un ouvrier chez Castigliano
Jacky Blanchot : Un consommateur chez Halibi
Louis Bugette : Orlando, le bistrot
Christian Brocard : Un mécano du "Plouc"
Marcel Bernier : Marcel, un garagiste chez Castigliano
Paul Bonifas : Le docteur Magnart, ex professeur
Marcel Policard : Le routier du raccourci
Jean-Paul Belmondo se souvient du tournage Il n'y avait à l'époque à Ouarzazate qu'un seul hôtel, le gîte d'étape, que nous occupions et qui avait d'ailleurs également servi à loger l'équipe de Lawrence d'Arabie pour certaines scènes qu'ils avaient tournées à Ouarzazate et dans la région. Chacun devait se contenter de la simplicité de cet hébergement.
Je n’avais jamais travaillé avec Bernard Blier, il adorait blaguer à froid avec un air sinistre. Quand on répétait, il me regardait avec son air menaçant et me disait «
Tu ne vas pas la jouer comme ça ? » Ceux qui n’étaient pas prévenus pensaient qu’il était sincère alors que c’étaient des blagues …
Là où il m’épatait le plus, c’était dans les dialogues : on ne savait pas s’ils étaient de lui ou d’Audiard. Il était le seul comédien que j’ai connu capable de restituer ces répliques au point qu’on se posait la question : «
C’est de l’Audiard ou c’est du Blier ? »
Souvent d’ailleurs, eux-mêmes ne savaient plus qui était à l’un ou à l’autre !
Le tournageLe film fut tourné entre la France et le Maroc, "
sur les traces de Lawrence d'Arabie" comme le disait Henri Verneuil, plus particulièrement à Marrakech et dans la région de Ouarzazate. Pour éviter de multiplier des allers-retours longs et coûteux des camions entre la France et le Maroc, la production disposait des mêmes 30 tonnes des deux côtés de la Méditerranée. Une logistique lourde mais indispensable à la réalisation de ce western à la française.
Le soir, après le tournage, les comédiens se retrouvaient pour dîner et jouer aux cartes. Les repas étaient placés sous le signe de la convivialité. Mais, au cours de ces parties, le ton changeait. Les joueurs avaient pris l'habitude de s'insulter avec la dernière des grossièretés tout en gardant un calme olympien. Bernard Blier excellait dans cette étrange discipline. Une fois la partie achevée, les acteurs redevenaient les meilleurs amis du monde.
Au bar-restaurant de Madame Kohler à Amerzgane
Du scandale au succèsEn 1964,
Cent mille dollars au soleil représenta la France au Festival de Cannes aux côtés de La
Peau douce de François Truffaut et
Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, qui décrocha la Palme d'or. Sur la Croisette, la critique française et internationale se montra particulièrement dure avec le film, le jugeant vulgaire et colonialiste. Pour beaucoup, le film de Verneuil n'était qu'un sous
Salaire de la peur. De retour à Paris, la virulence laissa place à l'enthousiasme; les journalistes virent finalement dans le film un solide divertissement. Le public, quant à lui, lui réserva un bon accueil, avec 3 400 000 spectateurs en France. Cette année-là,
Le Gendarme de Saint-Tropez s'octroya la première du box-office national avec 7 800 000 entrées.
Textes en partie extrait de : www.allocine.fr/film/anecdote