Quand on parle de cinéma à Ouarzazate, les ignorants se contentent de répéter une belle ineptie en citant Laurence d’Arabie, soit disant le premier film tourné dans la région, ce qui est inexact et de plus ce n'était que pour quelques scènes seulement. Les premiers films tournés sur le Territoire de Ouarzazate se situent bien avant la Seconde Guerre mondiale.
Les hommes sans nom
C’était un épisode romancé de la vie du colonel de la Légion Henri de Corta, beau-frère de l’écrivain Jean des Vallières, spécialisé dans les récits militaires et à qui ce dernier a donné le nom de colonel de Joyeuse.
Synopsis : Chef estimé d'un Régiment Etranger qui s'enfonce dans le Sud, le colonel de Joyeuse a une femme et une fille qu'il adore. Il est passionnément aimé, quoique sans espoir, par Mlle Bordage, soeur d'un riche colon du bled. Le capitaine de Vallerse, ami du colonel, est épris aussi de la jeune femme. A la guerre Joyeuse est tué. Sa veuve quitte le Maroc. Mlle Bordage restera auprès de Vallerse, devenu aveugle à la suite d'un accident d'avion.
Jean des Vallières, auteur du roman qui a pu suivre les phases de la réalisation, garda de cette expérience, tournée à Marrakech et Ouarzazate, une impression plustôt déprimante qu'il exprima dans le n°479 de la revue Cinémonde : "Cruelle doit être parfois la déception des gens qui, sur la foi d'un livre qu'ils aiment, vont voir son adaptation à l'écran. Je l'ai compris mieux que quiconque en assistant au film, dont l'histoire presque squelettique ne rappelle que de très loin mon roman, et le scénario que j'en avait tiré.
... Je dois cependant à mes amitiés marocaines le concours d'un splendide bataillon étranger, celui d'un grand caïd du Sud, avec sa kasbah, ses guerriers et ses femmes, et si l'on ne voit ces bâtisseurs d'empires ni percer un tunnel, ni lancer un pont, ni même tracer une piste, si je n'ai pu obtenir qu'on photographie un seul des postes grandioses qu'ils ont de leurs mains élevées face au désert, du moins admire-t-on à loisirs, leurs mâles et clairs visages qui dissipent toute équivoque.
... Et il y a aussi le magnifique interprète en qui le contact de la Légion a fait passer un souffle héroïque : Constant Rémy, parfaitement digne de la silhouette légendaire qu'il incarne, mais on regrette que les accents tudesque et roumain des deux caïds, dont les figures sont belles, fassent penser à des déserteurs déguisés de la Légion."
Quand le film fut à l’affiche, en janvier 1938, les journaux annoncèrent : “Un film à la gloire des soldats héroïques des légions coloniales, qui, au péril de leurs vies dans de continuels et sanglants combats dans un désert brûlant et perfide, sauvegarde l’Empire français.”
Toutefois, les indigènes sont à peu près absents et leurs problèmes inexistants. L'intrigue, faite d'adultères mondains, se déroule entre Européens nantis qui, satisfaits de leur sort, évoluent dans des salons meublés avec le bon goût français mâtiné d'une pointe d'exotisme, occupés à résoudre leurs petits problèmes sur fond de palmeraie.
Prises de vue,
séquence “une indigène blanche”
Constant Rémy
et Tania Fodor
Réalisation : Jean Vallée
Scénariste : Jean des Vallières (d'après son récit romancé)
Compositeur : Jane Bos
Directeurs de la photographie :
Raymond Clunie - Georges Million - Boris Kaufman
Responsable des décors : Jean d'Eaubonne
Acteurs : Constant Remy (Colonel de Joyeuse), Tania Fédor (Mme de Joyeuse), Thomy Bourdelle (Bordage), Lucas Gridoux (caïd Hadj-Ayar), Arthur Devère (ordonnance Schumbe), Suzet Maïs (Jennyfer), Paulette Houry (Ijo), Paul Escoffier (lieutenant Djeroï), Lucien Gallas (sergent Bramt), Robert Ozanne (Pancraz), Georges Peclet (capitaine Maréchal), Maurice Rémy (capitaine Vallerse)
Sortie en salles en France en janvier 1938.
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