A partir de 1911, le développement des opérations au Maroc nécessite l’envoi de nouvelles unités tant de Métropole que d’Algérie et de Tunisie ainsi que d’unités d’artillerie coloniale qui forme de son côté deux groupes au Maroc en 1914. À la veille des hostilités, l’Artillerie d’Afrique comprend 39 batteries. À la mobilisation, ces groupes mettent sur pied des batteries de renforcement ou de réserve et des batteries territoriales. Un certain nombre de ces unités sont envoyées en Métropole en août et en septembre 1914 et d’autres unités sont formées pour la campagne de 1914 à 1918 sur les fronts Métropolitains et d’Orient comme l’Artillerie Divisionnaire de la Division Marocaine.
En 1919, la majorité des unités envoyées en France sont ramenées en Afrique du Nord. Les dix groupes d’Afrique sont reconstitués dans leur territoire de 1914, certaines unités restant détachées au Levant. Les unités d’Artillerie Coloniale forment le Régiment d’Artillerie Coloniale du Maroc le 1er avril 1919.
Au début de la guerre du Rif, l’Artillerie du Maroc est insuffisante et est renforcée par des apports de force prélevés sur les unités d’Algérie, de Tunisie, de Métropole et de l’Armée du Rhin. Les Coloniaux fournissent également des batteries hippomobiles et de montagne.
En 1936 les quatre Divisions d’Infanterie Nord-Africaines stationnées en France englobent dans leur dispositif quatre régiments d’artillerie métropolitains qui sont transformés en R.A.N.A. (Régiments d’Artillerie Nord-Africains).
A la mobilisation de 1939, outre ces dix régiments, sont mis sur pied en Afrique du Nord douze nouveaux régiments d’artillerie ce qui porte à 22 le nombre de régiments d’artillerie d’AFN.
Après l’armistice de juin 1940 une réorganisation totale de l’artillerie d’Afrique du Nord ramène le nombre de ses régiments à huit.
Pendant la guerre d’Indochine ils restent stationnés en AFN. Toutefois, besoin oblige, trois d’entre eux envoient en Extrême-Orient six groupes d’artillerie qui sont transformés en groupes de marche.
Au cours de la guerre d’Algérie les R.A.A. sont peu à peu réduits à un seul groupe. En 1958 ils perdent leur appellation d’«Afrique» et deviennent R.A. Ils sont progressivement dissous entre 1962 et 1964, date à laquelle le dernier d’entre eux quitte l’Algérie.
L’uniforme des Artilleurs d’Afrique ne se distinguait pas particulièrement de celui des fantassins ou cavaliers de l’Armée d’Afrique. Dans les années 1920, les R.A.A. portaient, comme toutes les autres unités de l’armée française, la vareuse et le pantalon-culotte en drap l’hiver ou en toile l’été. Comme les Zouaves, les Tirailleurs ou les Chasseurs d’Afrique, pour marquer son appartenance à l’Armée d’Afrique, l’Artilleur d’Afrique entourait sa taille d’une large ceinture de flanelle rouge, et coiffait une chéchia garance qu’il portait rigide et haute (recouvert parfois d’une cache poussière kaki). Il conservera ces deux attributs jusqu’à la dissolution de ses régiments en 1964.
La chéchia est rouge recouverte de la coiffe kaki clair de protection. Pour ce qui est de ce genre de coiffure, remarquée plusieurs fois au Maroc, il s'agit tout simplement du couvre chéchia en toile kaki clair enfilé sur la chéchia écarlate des tirailleurs.
1931. Bivouac sur la route du Tichka
1931. Sur la route du Tichka
On remarque au second plan une auto semi-autochenillée tirant un canon de 75 mm
Devant le camion : Dareau, Bantignies, maréchal des logis chef Jacquemart, lieutenant Chamson.
La formation du 64ème ne remonte qu’à 1924. Il fut créé à partir des 4ème et 9ème Groupes d’Artillerie d’Afrique, en même temps que le 63, qu’il absorbera et reconstituera à plusieurs reprises. Il en ira à peu près de même avec le 69, si bien que peu d’artilleurs du Maroc n’ont, à un moment ou à un autre, porté l’écusson du 64. Jusqu’en 1934, il prendra part à toutes les opérations de pacification du Maroc : le Rif, la Tache de Taza, le Tadla, le Jebel Sagho, l’Anti-Atlas et le Drâa.
En 1939, le 64e RAA est affecté à la 1ère division Marocaine pour la bataille de France. C’est au cours de la Bataille de Gembloux que sera tué le Chef d’Escadron Clair, qui donnera son nom au Quartier de Meknès. Après l’armistice, le 64 est reconstitué au Maroc, avec du matériel camouflé, et s’attelle à la préparation de la revanche.
Dès le débarquement allié de novembre 1942, une partie du Régiment part en Tunisie avec la Division de Marche du Maroc. Début 1943, au Jebel Mansour, ayant reçu l’ordre de se sacrifier pour sauver l’Infanterie, les artilleurs du 64 tireront leurs derniers obus à quelques dizaines de mètres sur les chars ennemis avant de faire sauter leurs pièces. Reformés, ils participent encore à tous les combats jusqu’à la victoire finale au Jebel Zaghouan.
Sitôt finie la Campagne de Tunisie, une autre aventure commence. Les premier, deuxième et troisième Groupes sont équipés de matériel américain et envoyés en Italie dans les premiers jours de 1944 où ils constituent l’artillerie de réserve générale du Corps Expéditionnaire Français du Général Juin. Ils prennent une part prépondérante dans l’effondrement du front ennemi, le 11 mai 1944, au Garigliano. Puis c’est l’exploitation vers Rome où le 64 défilera sur la Place de Venise et vers Florence par Sienne et San Gemignano.
Mais le 64 n’ira pas jusqu’à Florence, le Corps Expéditionnaire Français est relevé et les trois Groupes rejoignent en France la 1ère Armée du Général de Lattre pour les durs combats de l’hiver 1944-1945 dans la plaine d’Alsace. Le Rhin est franchi le 16 avril 1945, début de la campagne d’Allemagne.
En 1946, le 64, qui a regagné ses garnisons du Maroc, est réorganisé en quatre Groupes stationnés à Meknès, Kasbah Tadla, Fès et Marrakech. Mais le Régiment n’est pas complètement mûr pour les délices du temps de paix.
La Guerre d’Indochine ayant commencé, le 1er mai 1949, un Groupe de Marche, le GM 64, est constitué. Il participera pendant cinq ans, de 1949 à 1954, au Tonkin à toutes les opérations d’envergure. Il sera ensuite transformé en II / 69ème R.A. pour être rapatrié sur le Maroc.
En 1955, l’Afrique du Nord se soulève à son tour contre la domination française et les quatre Groupes du 64 se retrouvent dans le Rif, un peu plus de trente ans après la révolte d’Abd el Krim. Aknoul, Boured, Bou Zineb, le Col du Nador, Taounate, Rhafsaï, les mêmes noms reviennent dans les Journaux des Marches et Opérations du Régiment, à qui l’on retire ses Marocains.
En 1957-1958, la page du Maroc est définitivement tournée, le 64 déménage pour reprendre les combats en Algérie.
1933. Bou Malem. Arrivée d'une unité d'artillerie de montagne. Archives d'Esclaibes
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