La vallée du Draa

La rocade du Bas Draâ

Mis à jour : mercredi 25 novembre 2015 16:11

Les marabouts de Mghimima


Non loin de Tissint, Mghimima fut longtemps, de par sa position sur la route menant de l’Est à l’Ouest du Sahara et du Maroc au Soudan, un centre important d’échanges économiques et de relâche pour les caravanes, les voyageurs et les marchands attirés par le prestige de la zaouia locale et sa réputation d’hospitalité.
La horma de la maison et le rôle d’arbitrage qu’elle joua attira aussi à elle tous ceux, tribus et individus, qui avaient besoin d’un asile ou d’un prétoire dans une région où la sécurité des biens et des personnes était loin d’être assurée. Les mrabtin de Mghimima intervenaient souvent dans les litiges intertribaux et leurs jugements étaient généralement écoutés. Sur l’esplanade devant la zaouia se trouvait une grosse pierre polie, genre bétyle, sur laquelle les protagonistes juraient de respecter la décision d’arbitrage des mrabtin.
Un moussem s’y tenait autrefois chaque année “souq el ‘am” ou “anemouggar”, du 17 au 21 rejeb (mars), était un grand marché d’esclaves, de produits du Soudan et de marchandises européennes. Les négocients y venaient de Fès, Marrakech, Fuguig, etc. et y avaient souvent des représentants de commerce choisis au sein des mrabtin.
Le sultan Moulay Ismaïl avait accordé aux mrabtin de Mghimima un dahir de tawqit et d’ihtiram.
Au XIXe siècle, le détournement de la route du Soudan vers Tindouf sous l’impulsion des Tadjakant et la recrudescence des pillages des caravanes, notemmant par les Aït Khebbach, fit péricliter le rôle commercial de la zaouia, et du coup son influence religieuse et politique trop liée à ses activités matérielles. Mghimima ne fut plus alors qu’un centre de relâche des bandes de rezzous et de pillards et le moussem perdit de son importance jusqu’à sa complète disparition en 1929, les Ida Oublal, qui en assuraient la garde jusque là, ayant refusé de garantir son immunité.
De plus, la pression des militaires français du poste installé à Foum Zguid, inquiets de ce que la zaouia soit devenue un relais de la dissidence entre la Hammada de Tindouf et le Draa, ne furent pas étrangère à cette décision.
Source : Bellakhdar J., Benabib A., Vittoz J. & Maréchal j. : Tissint, une osasis du Maroc présaharien. Monographie d’une palmeraie du Moyen Draa. Edition Al Biruniya 1992, Rabat

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