Lorsque fut créé le poste de Ouarzazate, qui était véritablement le centre d’une étoile, le commandement était fondé à croire qu’il pourrait diriger de ce point une piste autocyclabe directe vers Agdz et la vallée du Drâa. Les difficulté du terrain l’ont momentanément obligé à faire déboîter, aux Aït ben Haddou, la piste qui, bifurquant vers Tazenakht, desservira ensuite, par un double embranchement, le poste d’Agdz des Mezguita par Bou Azzer et par Alougoum le futur bureau de Foum Zguid.
La piste Tazenakht - Bou Azzer - Agdz
Source : Archives photos datant de 1931, issues d'un officier
du Régiment d'Artillerie d'Afrique
Sur la piste directe Ouarzazate - Agdz, il était de tradition de donner aux tours des goums, chargées de la surveillance des pistes, le nom des officiers des Affaires Indigènes qui avaient été chargés de la construction.
En partant de Ouarzazate :
A gauche de la route : Tour Bossan.
A gauche de la route : Tour Tournier.
A droite de la route : Poste et Tour Chardon au Tizi n'Tinifift, 1660 mètres.
A droite de la route : Tour Denis.
La nouvelle kasbah, construite au début du XXe siècle, a choisi comme site le sommet de la colline avec sa vue grandiose sur la palmeraie et la vallée. Très spectaculaire de loin dans son site au pied de la muraille du jebel Kissane, malgré son allure imposante et sa finesse architecturale, Tamnougalt, après la perte de sa fonction temporelle de caïdat et spirituelle de zaouïa, et après le départ de la communauté juive qui y résidait (plus de 200 israélites recensés), est maintenant dans un état de dégradation avancé.
La kasbah Tamnougalt n'était pas le seul siège du gouvernement du caïd de l’époque. Pour pouvoir mieux s'occuper de ses affaires d'état, il fit bâtir plusieurs kasbahs, dont celle d'Asslim, il y a 250 ans, dans les environs d'Agdz. Le dernier caïd de la famille, Caïd Si Ali, vécut au début du XXe siècle, à l'époque où les Français voulait prendre le sud du Maroc sous leur tutelle. Le Glaoui fut nommé par le Makhzen représentant de tout le Sud. Pour agrandir sa puissance, celui-ci aida les Français, il essaya de persuader les caïds de l'aider. Il réussit chez les caïds élus par le peuple, mais les caïds nommés par le Sultan prirent parti pour celui-ci. Caïd Si Ali devint un très grand adversaire du Glaoui, mais les Français réussirent leur tutelle et le Sultan partit en exil.
Du 20 au 30 janvier 1930, une reconnaissance commandée par le capitaine Daumarie, chef du Bureau du Cercle du Ouarzazate, et comprenant plusieurs officiers, un médecin militaire et un ingénieur du service des Travaux publics, circule dans la région située entre le Ouarzazate, Tazenakht des Ait Ameur et les Mezguita. Elle reçoit le meilleur accueil du caïd Si Ali qui lui offre l'hospitalité à Tamnougalt.
Itinéraire de la mission qui n'a rien à voir avec les routes actuelles.
Enfin, le 15 mai 1930, le général de division Huré, commandant la région de Marrakech, atterrit à Agdz des Mezguita, avec onze avions. Le général et sa suite, qui comprend douze officiers et un ingénieur du service des Ponts et Chaussées, sont reçus par le caïd Si Ali et par le caïd El Arabi, des Ouled Yahia.
Dans les années 40, le Glaoui réussit enfin à faire détrôner Caïd Ali de ses fonctions et un autre caïd prit sa place. Lorsque Mohammed V revint (en 1955) de son exil, tous les caïds qui lui avaient été fidèles et perdus leurs fonctions vinrent lui rendre hommage. Caïd Ali aussi, mais lui était trop âgé maintenant et un de ses nombreux fils devait hériter du titre. Malheureusement chacun d'eux voulait occuper ce poste important et il ne fut pas possible de s'entendre. Le caïdat fut perdu pour la famille. Dans la même année Caïd Ali mourut. Les dix kasbahs qui lui appartenaient furent partagées entre ses enfants. Ahmed, son fils préféré, reçut Asslim, la plus belle propriété.
1931. La famille du caïd Ali
vue par le lieutenant Georges Spillmann, chef du bureau des A.I. d’Agdz
Source : Extrait de son livre, écrit en collaboration avec le lieutenant Beaurpère, sous le titre : Districts et tribus de la haute vallée du Draa.
Le commandement des Mezguita est héréditaire dans la famille des Ouled Lhassen de Tamnougalt. Il est exercé par le chef des membres de la famille habitant la maison de commandement de Tamnougalt. Les descendants qui, à un moment donné, se sont détachés de la maison mère pour former un foyer et vivre séparément ne peuvent plus être désignés pour exercer le commandement.
Le caïd est secondé par le khalifa qui est son successeur éventuel. A la mort du caïd, toute la famille se réunit à Tamnougalt pour assister aux funérailles et, là, en présence du cadi, des ouléma et du cheikh de la zaouïa de Sidi Salh, dont font partie les membres de la famille de Tamnougalt, le khalifa est proclamé caïd.
Le caïd désigne lui-même son khalifa qui est obligatoirement le plus âgé de ses frères; à défaut de frère (ou si le frère restant est trop jeune pour exercer les fonctions), le choix se porte sur le plus âgé de ses fils, de ses neveux ou même de ses cousins vivant dans la maison de commandement. Si les candidats sont à peu près du même âge, un conseil de famille se réunit et l'on désigne celui qui parait le plus capable d'exercer les fonctions de khalifa et, plus tard, celles du caïd. Il ne parait pas douteux que les Mezguita doivent leur indépendance à cette famille de chefs héréditaires qui ont su les maintenir unis.
Si Ali, frère de l'ex-caïd Si Boubeker et fils de feu le caïd Si Abderrahmane, est actuellement investi du commandement des Mezguita. Il a pour khalifa et successeur désigné, son cousin germain Si el Hassan ou Si el Abbas.
Chacun des ksour des Mezguita est administré par un ou deux notables, pris parmi les meilleurs familles de la cité, et relevant directement du caïd Si Ali. Ce dernier rassemble tous les notables de la tribu quand il a des ordres important à donner.
Les impositions en nature ou en argent sont fixées par le caïd. Elles sont ensuite réparties entre chaque ksar au prorata du nombre des habitants et de leur richesse. Si Ali semble exercer un pouvoir absolu et personne n'oserait, tout au moins en public, discuter ses décisions. Il se trouve sous la dépendance du caïd Si Hammou, de Telouet, qui commande toutes les tribus d'influence Glaoua situées sur le versant sud de l'Atlas.
1931. Première infirmerie du petit poste d'Agdz
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