Mis à jour : mardi 4 juin 2013 12:08
Skoura
François Bonjean. En partie d’après : Au Maroc en roulotte. Editions Hachette 1950.
La route de Kelaa des Mgouna à Skoura traverse la steppe accidentée qui s’étale au pied du Haut-Atlas.
Le petit centre de Skoura se trouve à la lisière Est de la palmeraie, à une quinzaine de kilomètres au Nord de l’oued Dadès. Les deux principaux affluents de droite sont l’oued Mgoun et l’oued Hajaj, appelé aussi oued Améridil.
Si le Mgoun roule de l’eau en période sèche, l’Hajaj, artère nourricière de la palmeraie est presque toujours à sec ainsi que l’oued Tindir et leurs sous-affluents.
Mais leurs cours souterrains alimentent les khettara, galeries de captage, qu’un réseau serré de séguias prolonge dans la palmeraie de Skoura.
L’oued Dadès coule en tout temps, mais son débit d’été suffit à peine aux besoins de l’irrigation. la contrée à laquelle il a donné son nom s’étire sur environ deux cent vingt kilomètres. On y compte plus d’un millier de douars, répandus surtout sur le versant Sud de l’Atlas.
La palmeraie de Skoura en est de beaucoup la partie la plus large (environ quarante kilomètres). Sa création remonterait au début du XIIIe siècle. On raconte qu’à cette époque l’eau était plus abondante. Sa diminution a entraîné celle des surfaces cultivées. C’est ainsi que, sur 4000 hectares, 800 seulement ont pu être irrigués en 1932. La palmeraie nourrit environ 2000 foyers musulmans et une centaine de foyers juifs. Elle compte 52 000 dattiers, donnant 3000 tonnes de dattes les bonnes années et consommées sur place. L’orge, moissonnée en mai, le maïs, le sorgho, le millet, récoltés en septembre, occupent les trois quarts des terrains irrigués. Le dernier quart est consacré aux légumes : fèves, navets, carottes, oignons, fenouil, cucurbitacés.
Les Ahl Skoura, comme les Ahl Todgha, comme les Ahl Dadès, sont une tribu d’origine plus cadastrale qu’ethnique, répandus dans les nombreux ksour de la palmeraie et dans les oasis de cette partie du dadès. Ils forment une branche de la grande famille berbère des Masmouda, arabisée depuis peu, teintée de sang arabe et passablement négrifiée. On y trouve, en outre, des gens du Tafilalet, du Sous, du Sagho, tous des voisins attirés par le richesse de la palmeraie.
La tribu, classée tribu de droit musulman en 1936, a été divisée en quatre fractions. Elle est administrée par un khalifa du Glaoui et plusieurs cheikhs. Linguistiquement, ils sont à la charnière du groupe béraber, domaine de la tamazirt, et du groupe chleuh, domaine de la tachelhaït. Entre ces deux groupes s’étend une zone de transition. Naguère, chaque fraction skoura était la cliente d’une fraction imerghan.
Les ksour de cette tribu sont groupés au fond ou au débouché des vallées méridionales du Haut-Atlas. Sous les Almohades, ils faisaient partie de la confédération des Haskoura, dont la capitale était Demnate. Endurants, sobres, batailleurs, les Imerghan faisaient volontiers partie de bandes de coupeurs de routes et de voleurs de bétail. Ils ont été soumis par les Glaoua au début du XXe siècle et placés, à partir de 1932, sous contrôle des A.I.
L’été, les familles laissent quelques gardiens au village et s’installent dans les azibs de la montagne sur leurs terrains de parcours collectifs. En automne, les troupeaux pâturent aux environs des ksour, tandis que la fraction procède à ses labours. L’hiver les bergers se rapprochent de l’oued Dadès; quelques-uns gagnent les pentes Nord du Sagho.
Visite au cimetière juif d’Oulad Bouras
(palmeraie de Skoura)
Km 0. 31°02,86’N - 06°34,33’W. Route Ouarzazate-Skoura. A l’arrivée à la palmeraie de Skoura, prendre la piste à gauche, cap NW, le long de la ligne électrique.
Km 0,6. 31°02,95’N - 06°34,70’W. Dans l’oued Hajjaj, prendre la piste à gauche qui circule dans le lit à sec.
Km 1,1. 31°02,75’N - 06°34,85’W. La Kasbah Amridil à visiter.
Km 1,5. 31°02,95’N - 06°34,70’W. Retour au km 0,6 et continuer la piste qui sort de l’oued, entre dans la palmeraie et passe devant à gauche d’une kasbah neuve.
Km 2. 31°03,12’N - 06°34,89’W. Dans la palmeraie, suivre par la gauche.
Km 2,3. 31°03’N - 06°34,95’W. Kasbah-auberge Chez Slimani.
Pour la visite au cimetière juif. Continuer la piste, cap SSW.
31°02,92’N - 06°35’W. Kasbah Aït Badou Ali.
Km 2,7. 31°02,79’N - 06°35,07’W. Ghodat. Prendre piste par la droite, cap NW; continuer tout droit dans le village.
Km 2,9. 31°02,82’N - 06°35,17’W. Continuer tout droit, cap Nord.
Km 3,9. 31°03,26’N - 06°35,37’W. Suivre par la gauche, cap WSW.
Km 4,2. 31°03,29’N - 06°35,53’W. Après avoir passé le village d’Oulad Bouras, arrivée au cimetière juif (entouré de son mur). Le gardien, habitant dans le voisinage, vous fera rentrer pour la visite (prévoir 10 dh par personne). Moussem à l’automne.
31°03,26’N - 06°35,54’W. Tombeau des rabbins (noms en hébreu).
La source sacrée, route de Skouraphoto René Bertrand
A quelques mètres de la route, sur la droite, à une vingtaine de kilomètres de Ouarzazate, bouillonne une source d’eau sulfureuse. Les femmes des environs, pour conjurer leur stérilité, viennent accrocher des brins de laine et des bouts de tissus au bosquet qui l’entoure.
Le Mgoun
Source : Mireille Morin-Barde, dans Coiffures féminines du Maroc, Edisud 1990.
L’assif Mgoun traverse, avant de rejoindre le Dadès dans la plaine, une vallée étroite habitée depuis fort longtemps par une tribu indépendante, venue probablement du Dadès.
Les Mgouna parle berbère, mais s’appuient sur les préceptes du droit arabe. Ils vivaient autrefois relativement isolés des autres tribus, retrouvant néanmoins des Aït Seddrat et des Aït Atta sur les hauts pâturages qu’ils fréquentaient.
Les Mgouna comportaient trois groupes qui ne se distinguaient que par leur habitat :
- Dans la haute vallée, les Aït Mrao représentaient une aristocratie de Berbères blancs, dont les plus aisés possédaient des troupeaux importants. On leur prête parfois des ancêtres Aït Daoud et Aït Youssi qui laisseraient supposer une ascendance juive.
- En aval, les Aït Ahmed occupent la région de Bou Trarhar, longtemps le dernier village atteint par une piste carrossable. Beaucoup d’entre eux présentent un type très particulier avec un teint cuivré plus que noir, des yeux un peu bridés et des pommettes saillantes, des traits rudes comme taillés à la hache qui peuvent faire penser à des indiens des Andes. Sans doute, y-a-t-il chez eux un apport important d’anciens harratines. Ils étaient assez misérables et ne possédaient que peu de troupeaux.
- Plus bas encore, dans une vallée plus ouverte, les Aït Ouassif (les gens de l’oued) cultivent de beaux jardins plantés d’arbres fruitiers. On trouve parmi eux de nombreux Chorfa. Au contact de la plaine, ils se sont aussi métissés, mais leurs traits restent plus doux.
La Kelaa des Mgouna, photo Bernard Rouget
Le nom exact de l'oued Mgoun est Ighil Mgoun pour la montagne, assif n’Oulilliymt puis assif Mgoun en aval de la Tighermt n’Aït Ahmed pour la rivière.
La crête du Mgoun, pour sa partie située au-dessus de 3000 mètres d’altitude, est longue de 33 kilomètres. C’est un massif calcaire avec d’épaisses séries d’âge secondaire (essentiellement jurassique) et d’importantes assises argileuses du permotrias, généralement d’un rouge soutenu. 4088 mètres à l’Oumsoud, quatrième sommet du Maroc, première ascension par Jacques Felze au début des années 1930 et par André Fougerolles, Roger Mailly et Robert Lacaze, en hivernale à ski, le 16 mars 1942.
Le massif est le premier château d’eau du Maroc. La Tessaout, le Lakhdar, l’Ahansal et bien sûr le Mgoun sont parmi les plus belles rivières du pays.
La Kelaa dominant le Mgoun
Les gorges de l’oued Mgoun. Dans son cours moyen, entre Imi Nirst et Tiranimine, la vallée de l’oued Mgoun se resserre en gorges abruptes très étroites, enfermant entre des murailles rouges, dressées à plus de 600 mètres au-dessus du lit, les eaux vertes de l’assif. Ces gorges se développent sur plus de 50 kilomètres, le secteur le plus majestueux formant un canyon, ininterrompu sur 30 kilomètres. Encadrées par les jebels Tiougnate et Aguerzeka, les murailles calcaires du canyon, couronnées des ruines chaotiques des amphithéâtres rocheux, présentent des formes jurassiennes prédominant sur les étages supérieurs des versants; des grottes se succèdent à mi-pente au pied de terrasses superposées. Certaines d’entre elles, dans la Taghia, entre Tarzoub et Tiranimine, s’élèvent sur trois niveaux. Elles étaient autrefois aménagées en citernes. Certaines sont profondes de 2 m sur 4 m; d’autres, de 15 m, se terminent en entonnoir; elles s’ouvrent sur un étroit couloir en corniche, dominant la vallée, à laquelle permettait d’accéder un escalier rudimentaire, connu sous le vocable peu probant “d’escalier portugais”. Si dans la Taghia même, l’eau arrive de chaque côté jusqu’au pied des parois du canyon, les premiers buissons de laurier rose apparaissent en amont de Tiranimine et accompagnent désormais la gorge jusqu’au sortir de la montagne.
La Kelaa des Mgouna
Le pont sur l'oued Mgoun
Dans le lointain à droite, une tour des goums chargée de surveiller la piste.
Le pont aujourd'hui
La Vallée des Roses
La région dite de la vallée des Roses est un labyrinthe de vallées et de gorges splendides dépendant de l’oued Mgoun qui descend à l’Est du second sommet du Maroc. Des séguias (targa), savamment agencées, captent l’eau dès qu’elle sourd de la montagne et la conduisent par un réseau savant de ramifications jusqu’aux jardins les plus éloignés. Malgré que cela soit une région de culture importante, ne vous attendez pas au printemps à trouver des champs de roses. La vallée des Roses est un nom trompeur; en fait, les rosiers sont en majorité plantés en bordure des parcelles de terrain où ils servent de haies. Rosa damascena (ijdoutten en berbère tachelhaït) est une petite rose discrète, sans prétention, mais très odorante. Chaque année, elle fleurit entre 20 et 25 jours au mois de mai et dès le lever du soleil, les femmes de la vallée entreprennent la cueillette des fleurs. Puis, quand, dans leur dos, le filet de résille noire caractéristique des femmes du Mgoun, est plein, elles descendent vers les villages aux postes de ramassage où la récolte est payée “kash”. Les fleurs sont alors emmenées immédiatement vers les différentes usines de traitement de Kelaa des Mgouna et de Boumalne du Dadès. La première usine fut installée dans la région en 1937, l’année suivante elle traitait 72 tonnes de roses. Depuis, la production s’est largement développée jusqu’à 5000 tonnes les bonnes années.
La moitié de la production sera séchée, l’autre moitié sera distillée pour faire, soit de l’eau de rose consommée au Maroc, soit de la concrète pour l’exportation. Pour un bidon de 25 litres de concrète, il faudra 7 tonnes de roses. Les constituants odorants sont extraits avec un solvant (hexane); l’essence concrète qui se présente sous la forme d’une matière dense et rouge, est expédiée en France sous la forme de cire qui, traitée à l’alcool, donnera l’essence absolue utilisée en parfumerie. Chez le particulier, la rose séchée se transforme en eau de rose, par simple trempage dans l’eau. Moulue, elle se mélange au henné pour parfumer les cheveux, mains et pieds. A la fin de la cueillette, un moussem de la rose est organisé le deuxième dimanche de mai à Kelaa des Mgouna, qui rassemble tous les villages de la vallée. C’est l’occasion pour les habitants des villages voisins, arborant leurs plus beaux atours, de descendre participer à cette fête odorante.
La parfumerie marocaine au début du Protectorat. Un texte, datant de la Première Guerre mondiale, donne quelques éclaircissements sur le marché local : “Parmi les parfums dont use le Marocain, il y a le bois de santal, importé d’Inde, brûlé seul ou transformé en pastilles (dites en France: du sérail), ainsi que le benjoin également importé d’Orient. Quant aux parfums liquides, la musulmane ne consomme que des parfums sans alcool, dont l’usage est interdit par le Coran. La presque totalité des parfums utilisés sont fabriqués par les femmes et pour les seuls besoins domestiques. Ce sont des essences simples comme la rose, véritable “eau” de rose, le jasmin, la fleur d’oranger et l’ambre. Cette fabrication familiale est restée très primitive, les fleurs étant traitées avec de l’eau dans des alambics très rudimentaires. Des importateurs ayant convaincu l’indigène, la vente des parfums européens sans alcool a pris vite une certaine extension. La raison en est simple : le Marocain ayant vu que l’essence fabriquée par les Français revenait moins cher que celle préparée à la maison et supprimait le long travail de distillation domestique, adopta très volontiers la petite bouteille de “sent bon”. Les places de Paris et de Lyon, notamment avant la guerre, fournissaient le Maroc en parfums de roses, à base de géranium, et les essences déjà citées. L’industrie allemande, qui avait pris un tel développement au point de vue chimique, était arrivée en 1914, à concurrencer très sérieusement le commerce français; la pacotille boche a complètement disparu depuis la guerre. Il faut bannir tous les parfums modernes qui jouissent en France d’une vogue aussi enthousiaste que momentanée, en s’occupant exclusivement des parfums de fleurs connues des indigènes: rose, jasmin, fleur d’oranger, origan, violette, tubéreuse, héliotrope, etc. ainsi que l’ambre...”
Le Dadès
Le Dadès, nom de l'oued desservant en partie le sud-centre du Maroc, y puise ses raisons d'être, sinon on se fie à une riche tradition orale, du moins à l'une de ses multiples versions, dans un processus dont le protagoniste fut le nommé Moulay Bou Amrane, un descendant du fondateur de la ville de Fès.
A cette époque on connaissait la sécheresse, et un jour les chiens des compagnons de Moulay Bou Amrane reviennent les pattes mouillées, ce qui ne tarde pas d'attirer leur attention. Ils décident alors de suivre les traces de ces chiens et tombent sur un oued débordant d'eau et s’exclame "l’oued al kalb" (la rivière du chien); une exclamation à laquelle le chérif répond en disant que cette vallée sera, avec l'aide de dieu, "l’oued Badis"; au fil du temps et des âges il devint "l’oued Dadès".
Le seul auteur qui a fait mention de l'appellation est le compagnon d'Ibn Toumert, Al Baidaq qui classa les habitants du Dadès, les Ahl Dadès, parmi les Sanhadja al Qibla.
La commune de Souk al Khemis du Dadès regroupe les tribus les plus anciennes à s'installer dans cette partie du Dadès moyen. La largeur de la vallée, c'est-à-dire des terres cultivables, l'ancienneté de certains de ses vestiges architecturaux ainsi que l'existence d’un mellah et la sédentarisation de certaines de ces familles font de cette commune l'une des plus anciennes colonies à s'installer dans cette partie du Dadès.
Douar Ighriben. Il s'agit en fait de vestiges dont la morphologie et la destination posent une énigme. Situés sur des promontoire et disposés de façon bizarre, ces vestiges, ont un étymologie qui rappelle une destination défensive
Le mellah de Tiilit. La légende prédominante affirme que ce mellah est l'un des plus anciens de tout le Sud du maroc. En effet, le caractère architectural de ses constructions témoigne de son ancienneté. La même légende, pour tenter d'expliquer sa toponymie, le rattache à Moulay Bou Amrane, le protagoniste incontournable de la tradition orale locale qui réplique à la question qui consiste à dire qu'une bâtisse existe dans cette forêt, à ses hommes qu'adviendra t-il si elle existe : “tilyit”.
L'un des plus grand mellah fut aussi celui des Aït Ouzzine de la confédération des Aït Atta. La légende orale colporte encore d'autre versions relatives à certains mellahs détruits ou abandonnés dans des conditions historiques mal connues. La toponymie est assez révélatrice de cet état de choses.
Zaouit Lbir. C'est un village qui jouxte le mellah de Tiilit et qui dispose d'une zaouïa qui serait le point de départ de tout l'essaimage qui a abouti à la fondation de la Zaouia d'Aghlan et de Tamgrout dans le Drâa. Elle tire son nom d'un nom collectif assez typique connu de toute la région. On y accède par des escaliers creusés de sorte que les habitants y cherchent leur eau quotidienne. Les puits sont aussi un indice de sédentarisation anciennes.
El Goumt. Les trois kasbahs d’El Goumt ont été construites vers 1919. Elles englobent tout l'acception liée à l'ilotisme exagéré des populations par des khalifats peu scrupuleux qui ne sont, en réalité, que la consécration de tout un système qui se fonde sur le principe selon lequel "les sacs vides ne se mettent jamais debout".
L'histoire contemporaine de cette région est intimement liée à celle d'une période où le Glaoui et le Protectorat français se conjuguaient de façon admirable. La population en garde encore aujourd'hui les séquelles indélébiles. Toute la politique coloniale liée à ce concept baptisé par euphémisme "pacification” trouve ici son champ de prédilection pour s'affermir. Le principe n'est autre que l'utilisation des partisans soumis contre les insoumis. Le glaoui en fut le protagoniste le plus caractéristique. Il fut chargé en juillet 1920 de l'organisation d'une harka dans le Todgha. Il infligea une défaite aux contingents de Ba Ali à Timatriouine entre le 31 juillet et le 1er Août de la même année.
Les Ahl Dadès ou Aït Dadès (Ayt Dadds)
Source : Mireille Morin-Barde, dans Coiffures féminines du Maroc, Edisud 1990.
Les Ahl Dadès, gens du Dadès, occupent le cours moyen du Dadès lorsqu’au débouché de la montagne il coule vers l’Ouest. Leurs villages s’étendent de part et d’autre de Boulmane. Ils représentent une population particulièrement diverse. Les Ichraïl ou les Yourteguine, d’après leur nom, pourraient avoir une ascendance partiellement israélite. Ces derniers partageaient naguère le village de Tiilit avec une importante communauté juive.
On trouvait parmi les Ahl Dadès des Aït Ounir, des Arba Mya ou Aït Seddrat de la Plaine. Les mariages n’étaient pas rare entre ces groupes et les femmes avaient toutes adopté la parure et la coiffure propres aux Ahl Dadès.
Kasbah du Glaoui à Aït Youl
que l'on peut toujours visiter.
Extrait de l'ouvrage de Jean Robichez sur le
Maroc Central. Ed. Arthaud 1946
Si l’on trouve des kasbahs dans tous les endroits stratégiques, massées parfois à deux ou trois cents comme dans la vallée du Mgoun où l’eau ne manque pas, on ne les voit que rarement dans les hautes vallées, dont la garde est de beaucoup plus aisée car en de nombreux endroits elles tombent à pic du haut de ses six cent mètres sur une très étroite bande terre cultivable...
Voir la suite dans le livre...
Boumalne du Dadès, avril 1952. Bordj du 35ème Goum
Source : Didier Madras 1950
Les Ksouriens du Dadès et du Mgoun
François Bonjean : Au Maroc en roulotte. Hachette 1950
Les ksour de la vallée sont habités par la tribu des Ahl Dadès. Ce nom sert à désigner une mosaïque ethnique. Il s’est produit, au cours des siècles, une fusion de groupes d’origine diverses, parmi lesquels des Harratines. Ceux-ci occupent entièrement le ksar des potiers. Des fractions d’Aït Atta se sont sédentarisées, comme à Imiter, au passage de la vallée. Des chérifs idrissides travaillent depuis longtemps à l’arabisation des fellahs. Il faut ajouter à ces éléments les débris des colonnes envoyées par le Sultan contre les tribus.
A. Femme chleue du Haut Dadès
B. Photo Besancenot
Les occupants ont fait adopter à leurs maîtres successifs les formes de vie héritées des premiers remueurs de limon. Zénata ou Sanhadja, les nomades ont été impuissants à rien changer à un système d’habitudes né de la nature des choses. Aujourd’hui comme naguère, en fait sinon en principe, chaque ksar s’administre lui-même. Les enceintes fortifiées n’ont pas toujours suffi à protéger les biens matériels des habitants. Par contre, elles ont réussi non seulement à maintenir intactes les traditions des protégés, mais à les faire adopter, au bout d’un certain temps, par leurs protecteurs. C’est ainsi que les mystérieux Harratines, naguère puissants, héritiers d’une vieille civilisation, aujourd’hui méprisés, ont servi d’éducateurs aux Berbères ou aux Arabes. Encore de nos jours, leur finesse, leur esprit d’adaptation, leur puissance de travail en font les chevilles ouvrières des oasis. Hommes-taupes, on doit leur reconnaître le génie de l’hydraulique.
La vallée est belle à voir au printemps et au début de l’été. Ses vergers produisent en abondance abricots, pêches, figues et un peu d’amandes. Les roses de senteur, très appréciées, sont traitées à El Kelaa des Mgouna. En dépit de la double récolte, la production de blé, orge, maïs est inférieure aux besoins de la plaine comme de la montagne. A l’heure actuelle, un quart du complément arrive par camions. Ceux-ci retournent à Marrakech avec des chargements de fruits, de légumes et des moutons.
Le Haut Dadès
Jadis, les Aït Atta, qui nomadisaient très au Nord de l’Atlas, vendaient directement leurs bêtes sur les souks du versant septentrional. Après avoir été engraissés en embouche dans les plaines de Khouribga, les moutons partaient pour les étals de Casablanca. Par suite de la construction de la route de Marrakech à Ksar es souk, le trafic emprunta le col du Tichka mais les Berbères de la montagne n’ont toutefois pas renoncé à l’ancien système. Un chef de famille se rend par exemple à Azilal avec trois ou quatre ânes en suivant les vieilles pistes muletières; il y vend aussi sa laine, ses peaux, les figues séchées du dadès, les dattes et le henné du Drâa et regagne Msemrir avec sa provision de grains et de sucre pour l’année.
Les Ahl Dadès travaillent leurs vergers et leurs potagers à la houe. La S.I.P. (Société Indigène de Prévoyance) les fournit de semences, de plants et de géniteurs sélectionnés pour la reproduction; la pomme de terre et la tomate ont été introduites depuis peu, ainsi que le lapin. Les engrais chimiques commencent à être en faveur. Les fruits séchés ayant atteint des prix considérables au cours de la guerre, une nette élévation du niveau de vie s’en est ensuivie. Enrichis, les ksouriens consomment beaucoup plus de viande, de sucre, de thé et de café; en outre, ils se hâtent de satisfaire leur passion pour les voyages en car.
Kasbah du Haut Dadès
Tribu de droit musulman, les Ahl Dadès sont placés sous l’autorité d’un khalifa du Glaoui. Il en est de même des Aït Seddrat du Haut Dadès, tribu qui, autrefois, a soutenu Moulay Idriss, et dont certaines fractions occupent les vallées du bas Dadès et du Drâa. Les mœurs sont assez pures; la fréquence des divorces fait que la facilité prend de préférence une forme légale.
La route décrit à peu près les mêmes méandres que le Dadès. Les ksour se succèdent à courte distance. Parfois une tirhemt isolée se dresse à la lisière des cultures. Les récentes se distinguent par le nombre accru des fenêtres, généralement serties de chaux et grillagées. On a même aménagé au rez-de-chaussée de l’une d’elles un péristyle. Soudain, nous assistons au travail des maçons. Ceux-ci, comme ils l’ont toujours fait, dament la terre dans des coffrages. L’incantation dont ils accompagnent dans leur effort pour transmuer la terre en pierre arrive à nos oreilles du fond des millénaires. Les briques crues, mélange de limon argileux et de paille hachée, sont utilisées pour la partie supérieure des murs, dont elles permettent la décoration en creux. L’oeuvre ne saurait durer, tout comme les empires berbères, plus de trois générations. Qu’importe, puisque subsiste le temps qui permet d’élever une tirhemt neuve à proximité.
Les maisons plus modestes, dont le groupement forme des hameaux, présentent des parties délabrées et même ruiniformes. Cependant des fumées en sortent, et aussi des enfants, des femmes. Les faciès soudanais sont de plus en plus nombreux.
Extraits du livre MAROC, Terre et ciel
photos de Bernard Rouget, texte de Jacques Mercanton,
Edité à Lauzanne en 1954.
Boumalne du Dadès
Boumalne du Dadès
Kasbah du Haut Dadès
Kasbah du Haut dadès
La piste du Haut Dadès au pied de la chaîne de l'Atlas
Piste de l'oued Dadès
Source : livre de Jean-Louis Miège : Maroc, Arthaud 1952
Piste des gorges du Dadès avant son goudronnage
photo René Bertrand
Vingt-six kilomètres après Boumalne, les bords de la vallée se resserrent et s’élèvent
en hautes falaises où la piste monte brusquement en lacets.
Source : Didier Madras 1950