Le Siroua
Mis à jour : lundi 15 août 2011 10:05
Source : Revue du Touring Club de France, janvier 1933,
extrait d’un article de Jean Gattefossé sur un voyage effectué en mai 1932.
Notre première excursion au départ de Ouarzazate est pour le jebel Siroua, par la piste du Nord due à l’initiative des grandes compagnies minières. Par l’assif Iriri, elle s’élève progressivement jusqu’aux plateaux de Tamazirt (1800 m.), où apparaît l’alfa, parmi les landes d’armoise grise; après une côte très dure, elle atteint un second plateau dont l’altitude dépasse 2000 mètres : le petit village de Tachokacht nous accueille par l’aimable sourire de ses femmes “bleues”; les plus curieuses se glissent sous la voiture pour en rechercher les jambes...
Des peupliers et des saules bordent un ruisseau et un tapis de fleurettes agrémente le paysage. Par une série de lacets bien tracés, la piste gagne le col Tizi n’Ougdour, sur les flancs de l’Amsdour, à 2665 mètres, praticable seulement en été.
Même en mai le froid est vif et le vent pénible; la neige persiste en effet longtemps et donne naissance à de nombreuses sources glacées dispensant la vie à des prairies alpines émaillées de milliers de fleurs de couleur vive, parmi lesquelles la grande renoncule rose, spéciale aux sommets du Maroc, attire particulièrement l’attention.
Les noirs sommets de lave du Siroua sont là, tout près de nous, et cependant à nos pieds, dans les ravins, se voient encore des champs cultivés à 2400 mètres; leurs surfaces vertes découpent des losanges sur des versants couverts du manteau doré des genêts et parfois du tapis bleu vif des érinacés. Au delà du Tizi n’Ougdour, la piste rejoint le Haut-Souss, dans lequel elle descend très rapidement par un tracé héroïque.
L’akhnif
Source : La vie juive au Maroc, arts et traditions. Musée d’Israël, éd. Stavit
Les habitants de la région des Ouaouzguit, juifs et musulmans, portaient l’akhnif, burnous orné à la base du dos d’une large demi-lune orange.
L’akhnif était tissé en poil de chèvre noir, d’une seule pièce sur un métier vertical, aussi bien dans les foyers berbères que dans les foyers juifs.
Au motif central tissé dans la trame sur une grande partie de la longueur, s’ajoutaient des broderies dans des tons vifs. L’ornement était de couleur rouge ou orangée, plus rarement grise.
D’autres motifs géométriques, obtenus par décor de trame, entouraient la demi-lune et le bord du vêtement. Des broderies très fines, ton sur ton, enjolivaient le devant de l’akhnif sur toute la hauteur. Le bas du vêtement était, de surcroît, orné d’une frange noire; un énorme gland pendait de la pointe du capuchon.
On interprète de diverses façons la demi-lune qui décore l’akhnif. L’ornement représenterait un oued traversant des jardins fleuris; pour certains sa forme représenterait un œil, élément propre à éloigner les mauvaises influences.
Selon une autre hypothèse, il s’agirait d’un rappel du drapeau portugais. En s’asseyant sur la partie du vêtement décoré à leur emblème, le porteur manifestait ainsi de mépris à l’égard d’anciens conquérants étrangers.
Les juifs pouvaient revêtir ce magnifique vêtement berbère, mais non sans restrictions; ils étaient contraints de le porter à l’envers, de sorte que l’endroit du décor ne se percevait que lorsque les pans du burnous étaient relevés sur les épaules. Les enfants juifs étaient autorisés à le porter normalement à l’endroit.
Des chaussons montants, ijuqjad, tissés selon la même technique et avec les mêmes couleurs, accompagnaient l’akhnif.
Akhnifs ouaouzguit
photos Besancenot