En début du siècle, les frères Glaoui avaient obtenu la soumission de tous leurs voisins rebelles, sauf pour Tamdakht, la dernière forteresse de la dissidence, à une trentaine de kilomètres de Telouet. L’oued Mellah serpente le long de l’aride vallée de sel pendant 15 km, avant de tourner brusquement vers la droite en arrivant à un groupe fantastique de hautes kasbahs aux murs de pisé, appelé Animiter; de là, il descend en pente plus abrupte vers les plaines où son cours servait d’itinéraire principal aux caravanes qui se rendaient des oasis du Sud à Marrakech.
A l’entrée de la gorge de la rivière se dresse la gigantesque forteresse de Tamdakht, aussi imposante que Telouet dans la grandeur isolée de son site, et infiniment plus belle dans sa structure. Les tribus dissidentes de la région s’y étaient réunies sous le commandement d’un certain Ali n’Aït Haddou, en si grand nombre qu’elles provoquaient en permanence le Glaoui et fermaient la route aux caravanes, pillant et tuant tous ceux qui ne voulaient pas faire demi-tour.
Les “droits” prélevés sur les caravanes formant une partie importante des revenus de Madani El Glaoui, il chargea son jeune frère Thami de réduire la forteresse. Muni du canon Krupp offert par le sultan, Thami quitta Telouet à la tête d’une harka de deux mille hommes. A plusieurs reprises, l’affût de bois du canon se rompit sur les cailloux du chemin ou les galets de l’oued Mellah, mais la seule pièce d’artillerie “privée” du Maroc de l’époque put enfin être mise en batterie face à la kasbah, hors de portée des fusils à pierre des défenseurs. De nombreuses salves réussirent à pratiquer trois brèches dans les murs de pisé, mais les tirs des assiégés retranchés dans la kasbah et dans les grottes naturelles de la falaise empêchèrent la harka d’investir la place.
Tamdakht aurait pu soutenir le siège, n’eût été la présence d’un traître parmi les rebelles. La petite histoire raconte qu’au cours d’une accalmie de l’attaque, Ali n’Aït Haddou, pour défier et narguer son ennemi, fit ouvrir la grande porte de la kasbah et sortit. C’était une belle bravade, certes, mais aussi une grave imprudence car lorsque qu’il se retourna pour rentrer il trouva la porte fermée. Seul, sans protection, il essaya de fuir, mais les soldats de Thami el Glaoui se ruèrent sur lui et, sur le champ, lui coupèrent la tête qu’un cavalier exhiba piquée au fer d’une lance. A cette vue la garnison de Tamdakht se rendit, mais plusieurs de ses membres subirent le sort de leur chef. Pendant les quelques années qui suivirent, toute dissidence disparut dans le Sud et le sort de la kasbah fut lié à celui d’Aït Ben Haddou.
Au début du XXe siècle, de plan rectangulaire autour d’un grand patio central, cette kasbah avait cinq niveaux qui la présentaient extérieurement comme une très haute bâtisse; elle s’harmonisait ainsi avec le milieu où elle se trouve. Elle avait neuf tours construites en briques et en pisé. A côté, un édifice fut construit postérieurement en pisé, en plus des annexes en pierres notamment sur la face nord. Face sud fut aménagé une cour de grande dimension avec une partie destinée aux hôtes. Une galerie-balcon avec des arcades donnait sur la cour.
Après l’indépendance, la kasbah de Tamdakht, abandonnée aux intempéries, servit de prison quelques mois à la famille Oufkir après la tentative de coup d’état de 1972 du général Oufkir, commandant en chef de l’armée et ministre de la défense d’Hassan II. A cette occasion, la kasbah fut modifiée de manière à interdire les contacts avec l’extérieur. Beaucoup d’accès et de fenêtres sont encore murés aujourd’hui et une grande partie de l’édifice est en ruine. L’état de conservation de la kasbah centrale est pratiquement en ruine, il ne reste que cinq tours en très mauvais état; l’intérieur, avec la grande partie de murs extérieurs, est effondré.
Silence on tourne !
C’est l'adaptation d'une nouvelle de Rudyard Kipling qui porte le même titre, publiée en 1888.
Synopsis. Aux Indes, Daniel Dravot et Peachy Carnehan, deux amis britanniques, anciens militaires, francs-maçons et surtout aventuriers déterminés et peu scrupuleux, caressent un rêve fou : entrer au Kafiristan (un pays légendaire où aucun Européen n'a mis le pied depuis Alexandre le Grand) et en devenir les rois. Avec l'aide d'un journaliste anglais (qui dans le film, mais non dans la nouvelle, est Rudyard Kipling), ils parviennent à entreprendre le périlleux voyage qui est le début de leur aventure...
En 1974, le tournage des scènes prévues au Maroc, s'est déroulé dans la vallée d’Ounila, à Tamdakht et aux Aït Ben Haddou. D’autres séquences ont été tournées à Chamonix, à Glen Canyon aux Etats Unis et en studio en Angleterre. L'Homme qui voulut être roi était un projet désiré et fantasmé depuis 25 ans par le réalisateur John Huston.
Pour la petite histoire :
- Dans la scène de l'avalanche on aperçoit des traces de ski.
- Les chameaux qu'on voit dans le film sont africains (ce sont des dromadaires) et non asiatiques.
- Les prêtres et les habitants de Sikandergul parlent l'arabe dialectal marocain, John Huston ayant recruté ces acteurs parmi les habitants de la vallée d’Ounila et de Tamdakht, les dialogues dits par le grand prêtre sont fidèles aux traductions du texte du scénario, sauf lors des plans où il dévoile la pierre où est gravé le signe des francs-maçons. En substance, le prêtre disait: "Ceci est ma terre et mon pays. Vous ne l'aurez jamais. Vous n'êtes pas les bienvenus", c’est l'exact contraire de la traduction du texte du scénario !.
- Sean Connery réalisa lui-même la cascade périlleuse à la fin du film.
- Sean Connery rencontra sa future femme Micheline Roquebrune, une française, à Marrakech durant le tournage du film.